Biographie

Jean Legrand est né à Montpellier en 1910, il mourra en 1982 à Paris. A vingt ans il quitte le Sud pour Paris où il entreprend un combat littéraire et idéologique qui sera sa vie même. Actif imprimeur et éditeur, notamment de Georges Bataille et de Benjamin Péret, il fréquente René Crevel, et surtout Claude Cahun (cf. le Claude Cahun de François Leperlier, Fayard, qui a aussi préfacé L’Amour Insolent de Legrand pour La Termitière) . Il ne sera jamais surréaliste, ni même un « compagnon de route », trop singulier pour cela, même s’il défendra toujours leurs avancées face à la réaction. La guerre arrive, il imprime les tracts de Contre-Attaque de Bataille, publie ses propres manifestes et poèmes. Après la guerre, Jean Paulhan, appuyé par Queneau, le défend et publie chez Gallimard Le Journal de Jacques dans la collection Blanche et ouvre à ses ami(e)s « sensorialistes » et à lui-même les colonnes des Cahiers de la Pléiade. Léon Pierre-Quint, premier biographe de Proust, éditeur-mécène des poètes du Grand Jeu, publie au Sagittaire, Jacques ou L’homme possible, premier volet, en fait, de sa trilogie. Le dernier volet, Jacques et Aurette, sera publié par Gallimard. Dans les années 50 il vit quelques années au "Mas Clapier" près de Montpellier, où il commence Tandis qu'Ulysse vagabonde, avant de retourner à Paris. De 1948 jusqu’à sa mort, Jean Legrand, se verra refuser tous ses manuscrits.

Jean Legrand, "Jacques Gautier"


Jean Legrand, « Jacques Gautier »

Une seule fois le nom de famille de Jacques nous est indiqué. Que ce soit dans les trois livres publiés comme dans les volumes inédits qui en constituent la suite, il n’est que « Jacques ».
Jean Legrand n’a jamais écrit sur Théophile Gautier, mais nous avons retrouvé ces vers de ce dernier :

Son sein, neige moulée en globe,
Contre les camélias blancs
Et le blanc satin de sa robe
Soutient des combats insolents.

(Symphonie en blanc majeur)

Pourtant ton sein ému s’élève
Et s’abaisse comme la mer,
Aux bouillonnements de la sève,
Circulant sous ta jeune chair.

(Le monde est méchant)

La peau vaut mieux que le pétale,
Et le sang pur d’un noble cœur
Qui sur la jeunesse s’étale,
De tous les roses est vainqueur !

(La rose-thé)

Ces strophes, du « poète impeccable »  et « parfait magicien » d’après Baudelaire, sont extraites de Emaux et Camées. Bien que nous ayons changé de siècle, n’y a-t-il pas ici d’étranges échos à la poésie de Jean Legrand ? N'est-ce pas à ce titre que répondrait son Bulbes et vaisseaux ?